lundi 2 mars 2015

Victoire canadienne ou française?

Carillon, victoire canadienne ou française? C'est une question qui semble indiscrète ou tout au moins curieuse pour ceux qui ne vont pas au tréfonds des choses. Mais quand on sait que MM. de Vaudreuil et de Montcalm ne s'entendaient pas du tout et qu'il y avait rivalité entre les officiers des régiments réguliers et les officiers des troupes de la colonie, presque tous Canadiens, la question est naturelle.

Crémazie, dans son immortel poème Le drapeau de Carillon, semble donner toute la gloire de la journée de Carillon aux troupes canadiennes:

Songez-vous quelquefois à ces temps glorieux
Où, seuls, abandonnées par la France, leur mère,
Nos aïeux défendaient son nom victorieux
Et voyaient devant eux fuir l'armée étrangère?
Regrettez-vous encore ces jours de Carillon
Où, sous le drapeau blanc enchaînant la victoire
Nos pères se couvraient d'un immortel renom
Et traçaient de leur glaive une héroïque histoire?

Mais les poètes ne sont pas tenus à la vérité, toute la vérité, comme les historiens. Ceux-ci doivent mettre de côté leurs préférences, presque leur patriotisme, pour s'en tenir aux faits vrais, prouvés par des pièces irréfutables. Les poètes, eux, s'élancent dans les nues, un peu comme les oiseaux qui nous font entendre leur plus beaux chants même quand le cruel chasseur les tient au bout de son fusil.

A Carillon, les régiments de La Sarre, Royal-Roussillon, Guyenne, Berry, Béarn, tout comme les Canadiens, combattaient pour le roi de France, mais la question est de savoir si la victoire fut remportée par les Français, c'est-à-dire par les soldats des régiments de Montcalm, ou par les troupes de la marine, composées en presque totalité par des Canadiens.

La vérité nous force à dire que la bataille de Carillon fut une victoire française.

L'historien de Montcalm, sir Thomas Chapais, nous donne la composition des troupes dans les environs de Carillon, le 8 juillet 1758: brigade de la Reine: la Reine, 345 hommes; Béarn, 410 hommes; Guyenne, 470 hommes - brigade de La Sarre: La Sarre, 460 hommes; Languedoc, 426 hommes - brigade de Royal-Roussillon: Royal-Roussillon, 480 hommes; 1er bataillon de Berry, 450 hommes; 2eme bataillon de Berry, ... hommes - Troupes de la marine, 150 hommes - Canadiens (milices), 250 hommes - Sauvages, 15 hommes. Ce qui faisait un total de 3506 hommes. De sorte qu'on peut estimer l'armée de Montcalm le jour de Carillon à moins de 4000 hommes. Là-dessus, le nombre des Canadiens tant des troupes de la marine que des milices devait être au-dessous de 500 officiers et soldats.

Il faut donc avouer que la bataille de Carillon fut plutôt une victoire française. Assez d'officiers et soldats des régiments de La Sarre, Royal-Roussillon, Guyenne, Berry et Béarn versèrent leur sang à Carillon pour qu'on ne leur enlève pas une parcelle de la gloire qui leur appartient.

Ceci ne veut pas dire toutefois que les Canadiens n'eurent pas leur part de gloire à Carillon. Dans son rapport officiel au gouverneur de Vaudreuil, le marquis de Montcalm prend la peine de mentionner leur vaillance. Etait-il sincère? Espérons-le.



-Pierre-Georges Roy, Toutes petites choses du régime français, 1944.

samedi 28 février 2015

A propos de Cité Libre

La « présentation » de Cité libre, qui se défend d'être un « manifeste » pour ne proposer qu'une « règle du jeu », convoque à la réflexion et à la parole communes « ceux de trente ans et moins". Revue de  « jeunes » alors, penserez-vous, avec un haussement d'épaules peut-être, comme si les jeunes, et l'équipe de Cité libre la première, ne paraissaient pas désabusés des discours, des appels aux armes retentissants et purement symboliques. Or, plus loin, on nous dit qu'à trente ans, c'est l'heure d'assumer « des responsabilités d'adultes ». Fort bien.

Mais cherchez dans ce premier numéro de Cité libre la pensée adulte, je veux dire: positive, constructive, sereine parce que sûre de soi, comme il convient à un esprit mûr... Vous trouverez des prises de position, certes, mais qui sont des protestations d'opposition: opposition à la dictature, à l'autonomie verbale, à la peur politique ou religieuse, au nationalisme négatif, à l'éducation formaliste et à la prédication affadie. Jusque là nous applaudissons; nous invitons même les adultes, ceux qui ont le devoir et la mission de l'être en plénitude, à réfléchir sur les condamnations portées ici contre les faillites du passé, contre les déficiences du présent. Car il y a matière à méditation dans le récit de Gérard Pelletier évoquant le souvenir du choc produit dans son âme par l'appel à la sainteté que lui lançait autrefois un garçon de vingt ans; et dans les considérations sociologiques de Réginald Boisvert sur l'harmonie des classes à la recherche du bien commun; et dans l'argumentation fort sérieuse de Pierre Trudeau contre les duperies des autonomistes.

Nombreux, cependant, seront les lecteurs qui, désireux de soutenir l'effort entrepris par Cité libre, demeureront sur la réserve et même - pourquoi ne pas le dire? - en défiance et prêts à la riposte, si la revue patronne des désinvoltures de gavroche - désinvoltures qui frisent la goujaterie - de celui qui se fait un sport d'apostropher du haut de ses trente ans (la belle tribune!), avec la plus juvénile intolérance, tous ceux qui n'entendent pas comme lui la tolérance. « Vous ne paraissez pas avoir compris, vous ne comprendrez jamais... Vous pouvez continuer à « broadcaster » votre MOI (sic) dans tous les coins du Canada. » Et c'est à M. le chanoine Lionel Groulx que cette mesquinerie est adressée. Eh bien, non! mon cher enfant.

Il y a, chez ceux de mon âge, plus de sympathie pour vos ambitions que vous ne semblez le croire: un de vos collaborateurs, au moins, en a depuis longtemps acquis la certitude. Seulement, nous ne marcherons pas au seul cri de « A bas! » même s'il vise les impostures que nous tâchons nous-mêmes à démasquer.

Et puis, il ne serait pas mauvais que la revue ait une tenue plus digne, surtout dans ses rapports avec sa majesté la langue française. La dignité est une perfection d'adultes.



-Révérend Père Marie-Joseph d'Anjou, S.J., septembre 1950

mardi 24 février 2015

Introduction - Ce qu'est la Révolution

La rédaction de Nova Francia tient a répondre aux appels incessants des papes, en informant les gens du danger à l'aide d'extraits des maîtres de la Contre-Révolution. Nous estimons qu'il est du devoir de tous et chacun de se renseigner sur ce mal qui ronge notre société entière, afin de s'en prévaloir et de mieux combattre l'ennemi. Nous laissons la parole à Monseigneur Louis-Gaston de Ségur (1820-1881), fils de la célèbre comtesse de Ségur (1799-1874).

"Satan est le père de la Révolution. La Révolution est son œuvre, commencée dans le ciel et se perpétuant dans l’humanité d’âge en âge"

La Révolution n’est pas une question purement politique; c’est aussi une question religieuse, et c’est uniquement à ce point de vue que j’en parle ici. La Révolution n’est pas seulement une question religieuse, mais elle est la grande question religieuse de notre siècle. Pour s’en convaincre, il suffit de réfléchir et de préciser. Prise dans sons sens le plus général, la Révolution est la révolte érigée en principe et en droit. Ce n’est pas seulement le fait de la révolte ; de tout temps il y a eu des révoltes; c’est le droit, c’est le principe de la révolte devenant la règle pratique et le fondement des sociétés; c’est la négation systématique de l’autorité légitime ; c’est la théorie de la révolte, c’est l’apologie et l’orgueil de la révolte, la consécration légale du principe même de toute révolte. Ce n’est pas non plus la révolte de l’individu contre son supérieur légitime, cette révolte s’appelle tout simplement désobéissance; c’est la révolte de la société en tant que société ; le caractère de la Révolution est essentiellement social et non pas individuel.

Il y a trois degrés dans la Révolution :

1. La destruction de l’Eglise, comme autorité et société religieuse, protectrice des autres autorités et des autres sociétés; à ce premier degré, qui nous intéresse directement, la Révolution est la négation de l’Eglise érigée en principe et formulée en droit ; la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans le but de découvrir l’Etat et de lui enlever son appui fondamental

2. La destruction des trônes et de l’autorité politique légitime, conséquence inévitable de la destruction de l’autorité catholique. Cette destruction est le dernier mot du principe révolutionnaire de la démocratie moderne et de ce qu’on appelle aujourd’hui la souveraineté du peuple ;

3. La destruction de la société, c’est-à-dire de l’organisation qu’elle a reçue de Dieu ; en d’autres termes, la destruction des droits de la famille et de la propriété, au profit d’une abstraction que les docteurs révolutionnaires appellent l’Etat. C’est le socialisme, dernier mot de la Révolution parfaite, dernière révolte, destruction du dernier droit. A ce degré, la Révolution est, ou plutôt serait la destruction totale de l’ordre divin sur la terre, le règne parfait de Satan dans le monde.

Nettement formulée pour la première fois par Jean-Jacques Rousseau, puis en 1789 et en 1793 par la révolution française, la Révolution s’est montrée dès son origine l’ennemie acharnée du christianisme; elle a frappé l’Eglise avec une fureur qui rappelait les persécutions du paganisme; elle a fermé ou détruit les églises, dispersé les Ordres religieux, traîné dans la boue les croix et les reliques des Saints; sa rage s’est étendue dans l’Europe entière; elle a brisé toutes les traditions, et un moment elle a cru détruit le christianisme, qu’elle appelait avec mépris une vieille et fanatique superstition. Sur toutes ces ruines, elle a inauguré un régime nouveau de lois athées, de sociétés sans religion, de peuples et de rois absolument indépendants ; depuis soixante ans, elle grandit et s’étend dans le monde entier, détruisant partout l’influence sociale de l’Eglise, pervertissant les intelligences, calomniant le clergé, et sapant par la base tout l’édifice de la foi.

Au point de vue religieux, on peut la définir : la négation légale du règne de Jésus-Christ sur la terre, la destruction sociale de l’Eglise.

Combattre la Révolution est donc un acte de foi, un devoir religieux au premier chef. C’est de plus un acte de bon citoyen et d’honnête homme ; car c’est défendre la patrie et la famille. Si les partis politiques honnêtes la combattent à leur point de vue, nous devons, nous autres chrétiens, la combattre à un point de vue bien supérieur, pour défendre ce qui nous est plus cher que la vie.



-Mgr Louis-Gaston de Ségur, ardent propagateur du tiers-ordre de saint François

samedi 21 février 2015

La Franc-Maçonnerie - Ennemie de l'Église et de la Patrie

Le réveil
Il y a vingt ans, la grande voix du Vatican rendait hommage au vaillant défenseur de l'Église que fut Mgr Jouin, P.A., curé de Saint-Augustin, à Paris, et fondateur de la Revue internationale des Sociétés secrètes (1844-1932). En même temps, elle rappelait que l'antagonisme radical qui sépare l'Église de la Franc-Maçonnerie, et qui avait été établi déjà par Léon XIII dans l'encyclique Humanum genus (1884).

La Franc-Maçonnerie est l'ennemie de l'Église catholique, comme sa complice la Juiverie est l'ennemie du Christ Jésus. Voilà bien la Bête de l'Apocalypse, que l'apôtre saint Jean voyait à l'avance s’attaquant à la Femme mystérieuse qui symbolisait l'Église du Christ.

N.B. - Par Juiverie, nous n'entendons pas toute la nation juive, mais seulement les juifs ennemis du Christ, successeur des Scribes et des Pharisiens de l'Évangile.

Les documents dont nous venons de parler prennent une valeur d'actualité considérable, en ce moment où la Franc-Maçonnerie est enfin reconnue comme la Grande Ennemie, dans les pays d'Europe qui se sont donné un gouvernement franchement catholique, soit le Portugal, l'Espagne, la France, et, jusqu'à un certain point, l'Italie.
Aux dernières décades, les luttes des catholiques de France contre la secte anticatholique eurent des échos au Canada français. Nos militants de documentaient dans les livres, les revues, les journaux de la mère patrie, pour combattre l'infiltration maçonnique dans notre province. Cependant, depuis quelques années, on n'a guère écrit ou parlé de la secte, autour de nous; la pieuvre en a profité pour étendre ses tentacules, augmenter son influence, continuer de plus belle son action subversive.
Sur le plan catholique, voilà bien la cinquième colonne qu'il est urgent de dépister et de dénoncer avec le plus de vigueur, parce qu'elle constitue notre plus redoutable ennemi. Dans nos journaux catholiques, des voix autorisées viennent de sonner le réveil [1]. Il faut maintenant lancer partout le mot d'ordre: « A bas la Franc-Maçonnerie ! Écrasons la secte infâme ! » comme le faisait, en 1920, la jeunesse catholique qui a commencé la libération du Portugal. Car le temps est favorable, et la menace imminente.

Le temps est favorable... Traquée dans plusieurs pays catholiques (la F.M. a été interdite en Italie en 1924, au Portugal en 1935, en Espagne en mars 1940), la Bête maçonnique se voit démasquée et poursuivie en France, où elle se croyait pourtant solidement installée depuis la Révolution. Il faut le crier sur les toits: c'est la Franc-Maçonnerie qui a fait le malheur de la France, cancer qui l'a rongée à tous les points névralgiques: religion, mœurs, famille, société, école, gouvernement, politique étrangère, défense militaire. Si elle n'est pas la seule coupable, la Bête infernale est certes la grande coupable [2].

La menace est imminente chez nous... Déjà puissante dans les milieux anglo-saxons qui nous environnent, la secte maçonnique a grandi et pris de la force dans notre province, grâce au silence dont elle s'est enveloppée depuis une vingtaine d'années. Et voici qu'elle va grossier ses effectifs, des maçons militants qui nous arrivent des pays latins et surtout de la France et de la Belgique, d'où ils ont fui lâchement, embusqués de la guerre ou menacés de la vindicte publique. Après le Mexique, l'Espagne, la France, notre peuple canadien-français est la victime toute désignée, naïve et douce comme un agneau, pour la rage anticatholique de la Bête maçonnique. Le vénérable d'une des principales Loges de la province déclarait dernièrement que le « règne des curés » allait prochainement prendre fin au Canada... À nous de le faire mentir.

Chez nous, la secte accroît sa puissance de nos divisions politiques, de nos lâchetés devant les puissances d'argent, de nos mœurs paganisantes, de notre esprit chrétien défaitiste, de l'ignorance religieuse des masses populaires.

La secte profite aussi de notre naïveté. Récemment, nos journaux ont rapporté une statistique tirée Pays de maçonnique mémoire, se moque et prend la défense de l’œuvre maçonnique en France. De l'autre côté de la barricade, un journaliste catholique écrit: « Nous n'avons nullement l'intention de voir des francs-maçons partout, de souffler le péril maçonnique. Nous n'ajoutons même pas foi à The Cabletow, cet organe des loges qui, en 1934, attribuait à la seule province de Québec, 15,243 francs-maçons distribués en 93 loges. »
Un journal français de Montréal, digne successeur défunt d'un organe officiel de la F.M.: 15,000 franc-maçons, 93 loges, dans notre catholique province de Québec ! Quelle fut la réaction ?

Cette attitude sceptique est-elle prudente ? Il est bien permis d'en douter. Les francs-maçons, qui comptent sur le secret pour garder leur impunité et intensifier leur action subversive, ont dû applaudir à ce geste rassurant, propre à endormir les catholiques.

Nous croyons qu'il faut, sur une si grave question, se garder d'être trop crédule, mais aussi d'être trop incrédule. Dans le premier cas, on exagère le péril et l'on y perd son autorité (ce qui est encore un moindre mal); dans le second cas, on fait plaisir aux bonnes gens qui n'aiment pas qu'on dérange leur sommeil, mais on laisse le champ libre à l'ennemi (ce qui est, à notre avis, le plus grand mal). Quand la bergerie est attaquée par une troupe de loups, on ne doit pas d'arrêter à vérifier leur nombre; il faut crier simplement: « Au loup ! » [3]

N'est-ce pas pour avoir dormi dans une trop douce quiétude, et pour n'avoir pas pris au sérieux les avertissements de Mgr Jouin et de ses collaborateurs, que les catholiques de France ont subi si longtemps l'asservissement et la persécution de la Franc-Maçonnerie, et qu'ils ont laissé leur pays tomber dans l'état d'humiliation et de désorganisation où nous le voyons gisant, en cette heure tragique ?

Sachons au moins comprendre la leçon des événements, et ne ralentissons pas notre vigilance. Travaillons à démasquer et à paralyser nos ennemis maçons, comme nous l'avons fait pour nous ennemis communistes, sans trop craindre d'en grossir le péril.

Mais comment expliquer le chiffre relativement élevé des maçons et des loges dans notre province ? Les milieux anglo-protestants doivent en former un gros contingent, soit dans les Cantons de l'Est, soit dans nos grandes villes industrielles. Il reste évident, tout de même, que la Franc-Maçonnerie a gagné du terrain parmi nos compatriotes.

Nous arrivons ainsi à la question fondamentale: comment nos Canadiens-français peuvent-ils se laisser entraîner dans la secte maçonnique ? Quelques-uns par impiété et anticléricalisme, mais c'est encore la rare exception. La plupart pour des avantages matériels: succès dans les affaires, influence et faveurs dans les relations sociales, et surtout protection mutuelle et promotion dans les emplois. Dans tous les pays (ce fut le cas notamment en France et en Espagne), quand elle est assez forte, la Franc-Maçonnerie emploie ce moyen de recrutement déloyal: pour obtenir un avancement dans l'armée, dans le fonctionnarisme d'État, dans les différentes sociétés où elle est influente, il faut donner son adhésion à la Franc-Maçonnerie [4].

Chez nous, il paraît avéré qu'un Canadien-français ne peut, sans devenir franc-maçon, monter à un
poste élevé dans certaines sociétés d'assurances, dans certaines compagnies industrielles, dans l'administration de certains services publics, etc. Il faut dénoncer la lâcheté d'un tel procédé, qui oblige un homme, pour gagner sa vie, à renier sa foi, à vendre son âme, à devenir un adepte de l'Église de Satan.
Si l'on présentait sous un jour aussi odieux l'adhésion à la Franc-Maçonnerie, nul dote que nos compatriotes résisteraient à ce pacte infâme; bien peu ont l'âme assez vénale pour descendre aussi bas. Mais la consigne, notons-le bien, est de leur présenter la Franc-Maçonnerie comme une société de bienfaisance, de fraternité, de protection mutuelle, tout à fait inoffensive, au moins en pays anglais.
Pour combattre la secte, il est très important de réfuter par des faits précis ces allégations hypocrites. Nous tâcherons de le faire au chapitre suivant.


Société bienfaisante ou malfaisante ?

Les propagandistes de la Franc-Maçonnerie trompent les gens en leur présentant la secte comme une société de bienfaisance, où l'on s'appelle frères .'. , qui assure une protection mutuelle, et qui est tout à fait inoffensive en pays anglais. Les crises d'anticléricalisme attribuées à la maçonnerie française seraient le fait de quelques partisans trop zélés et d'ailleurs provoqués par le clergé.
- Voyez tel monsieur influent qui est franc-maçon. Il n'est pas méchant pour un sou; courtois, serviable à tous et envers le clergé à l'occasion, il fréquente l'église, il est généreux pour les bonnes œuvres; c'est un philanthrope... La Franc-Maçonnerie n'est donc pas ennemie de l'Église et de la religion, comme le disent les curés. Liberté, égalité, fraternité, voilà bien la belle devise qu'elle a suggérée à la République française, et qu'elle pratique elle-même, pour le plus grand bien de l'humanité. [5]
- Le catholique moyen, peu renseigné, se trouve désarmé devant un tel amas de sophismes. Il fut lui apprendre a les réfuter, et fournir des armes antimaçonniques à nos militants. Essayons un peu.
La courtoisie, la philanthropie (charité laïcisée) et même quelques pratiques religieuses, tout cela, chez un franc-maçon, ne prouve rien en faveur de la secte. Ce peut fort bien être une façade hypocrite, dont on reçoit la consigne dans les Loges: tactique de la cinquième colonne.
Toutefois, il arrive que certains maçons subalternes soient sincères dans leurs bonnes dispositions envers l'Église et la religion, et qu'ils aient adhéré à la secte comme à une société de bienfaisance, ou qu'ils y aient été admis à titre purement honorifique. Si quelques maçons sont ainsi inoffensifs, il demeure que la secte elle-même est essentiellement malfaisante. Et l'ignorance ou l'aveuglement des bonnes poires maçonniques tombera bientôt pour peu qu'ils étudient les agissements de leurs chefs, les directives qu'ils reçoivent des degrés supérieurs, et surtout les œuvres néfastes accomplies par la Franc-Maçonnerie sur le plan politique et international.

EN PAYS ANGLAIS. - Faut-il croire à cette légende d'une Maçonnerie inoffensive en pays anglais [6] ?
Il faut admettre que la secte y paraît moins agressive, sans doute parce qu'elle s'accommode bien du protestantisme, religion de la majorité en ces pays, et qui laisse le champ libre aux activités maçonniques. Pourquoi, d'ailleurs, Satan combattrait-il les hérésies qu'il a lui-même suscitées pour affaiblir l'Église du Christ ? Il concentre ses troupes d'élite, ses troupes maçonniques contre l'Église catholique romaine et contre les nations en majorité catholiques. Cette constatation n'est guère rassurante pour notre catholique province de Québec, qui pourrait bien devenir la principale cible des attaques de la secte, en Amérique du Nord.
D'ailleurs, cette innocuité en pays anglais n'est qu'un trompe-l’œil. Lisons ces graves paroles du Concile Plénier de Québec: « Il faut se garder de l'erreur de ceux qui prétendent que dans notre pays, le caractère de la Maçonnerie n'est pas le même que dans les autres parties du monde. Que les pasteurs d'âmes et les autres prêtres réfutent avec soin comme une très pernicieuse erreur cette affirmation mensongère et fallacieuse, et qu'ils apprennent aux fidèles que le but et le caractère de cette société sont les mêmes partout, bien qu'elle s'efforce de parvenir à sa commune fin, non pas les mêmes moyens, mais pas des méthodes différentes appropriées aux tempéraments variées des peuples et aux diverses circonstances de lieux. » (Décret 355, b.)
Nous lisons dans un article documentaire des Nouvelles religieuses de France, reproduit dans la Semaine religieuse de Québec, le 3 février 1927 (p. 366): « Il y a un fait que les chiffres font éclater aux yeux, c'est la prépondérance de l'élément anglo-saxon dans les cadres de la Franc-Maçonnerie: en Europe, 5,536 loges et 351,320 maçons dans le Royaume-Uni; hors d'Europe, 17,008 loges et 3,001,100 maçons dans l'Amérique du Nord. Les Anglo-Saxons représentent ainsi 95% de la Maçonnerie universelle, c'est-à-dire qu'ils y sont les maîtres. »
Or, s'il est admis que la Franc-Maçonnerie dans son ensemble est, par sa doctrine et par ses activités, une secte subversive et ennemie de l'Église catholique, l'influence prépondérante des Anglo-Saxons y est sans doute pour quelque chose; et les pays anglais ne sont donc pas à l'abri de cette influence maçonnique néfaste.
Voici maintenant une série de faits qui serviront à démontrer que l'influence maçonnique s'exerce bien dans le sens anticatholique, dans les pays de race latine.

AU CANADA. - Qui a inspiré les accès de haine des Loges orangistes, au parlement d'Ottawa, danspapiste ?
l'Ontario et dans l'Ouest canadien, contre tout ce qui est français, catholique,
Qui a conduit la lutte contre les écoles confessionnelles dans les provinces canadiennes où nos coreligionnaires sont en minorité ?
Qui a soutenu les luttes de l'Institut Canadien contre l'évêque de Montréal, au siècle dernier ? Qui a entretenu, à Montréal, pour mener les campagnes anticléricales, un journal sans cesse renaissant, sous différents noms, depuis le sinistre Pays condamné par l'autorité religieuse ?
Qui a monté cet odieux complot, lors du Congrès eucharistique international de Montréal, en 1910, pour attirer prêtres et religieux dans un guet-apens ? (Ici, la preuve a été faite en cours de justice contre la Loge L’Émancipation.)
Qui a amorcé certains procès scandaleux de prêtres et de religieux, et en a poussé la publicité, pour essayer de discréditer le clergé et lui enlever son influence dans le pays ?
Qui cherche à chambarder le système scolaire dans notre province, pour y instaurer l'école laïque, c'est-à-dire athée et anticatholique, comme on l'a fait en France depuis le siècle dernier ?
Qui veut préparer les voies à un ministère de l'Instruction publique, afin de soustraire nos écoles à l'influence des congrégations religieuses et du clergé ?
Qui travaille, chez nous comme en d'autres pays catholiques, à répandre le divorce, à émanciper la femme, à taxer les communautés religieuses et les biens ecclésiastiques ?
Qui a favorisé la propagande communiste, révolutionnaire et athée, sous toutes ses formes ?
- On peut répondre, sans crainte de se tromper, en montrant du doigt LA FRANC-MAÇONNERIE, puissance occulte, mandataire de l'Esprit des ténèbres, qui cherche à démolir notre Église canadiennes par ses menées souterraines.

Monseigneur de Montréal subit les foudres de l'Institut Canadien de Montréal. Le dit Institut poursuivit Monseigneur en justice lors de l'Affaire Guibord, du nom d'un franc-maçon décédé en état d'excommunication.

EN FRANCE. - Dans ce pays, la secte s'est crue assez puissante pour combattre visière levée, et se glorifier de ses victoires sur l'Église française.
C'est la Franc-Maçonnerie qui avait préparé et organisé la Révolution sanguinaire qui a fait le malheur et le déshonneur de la France, au XVIIIe siècle [7].
C'est elle qui avait inspiré cette Déclaration des Droits de l'Homme, qui s'est opposée sataniquement aux Droits de Dieu, et qui fut la base sur laquelle on édifia les lois antichrétiennes de la République [8].
C'est elle qui a cuisiné ces lois destinées à déchristianiser la France: loi du divorce, loi de l'école laïque ou athée, loi de persécution contre les congrégations religieuses, loi de séparation de l'Église et de l'État, etc [9].
C'est elle qui a réduit en esclavage les fonctionnaires de l'État, la grande majorité des instituteurs, et même une partie de l'armée français, pour leur faire sacrifier les intérêts de la patrie à sa haine anticléricale, et conduire la France au désastre que nous déplorons actuellement.
C'est elle qui jusqu'en 1939, sous plusieurs ministères successifs, a maintenu en position le frère .'. Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, avec la mission avouée d'écraser ce qui restait d'écoles libres et catholiques en France [10].

Voilà un passé suffisamment chargé... Et maintenant que la Troisième République s'est écroulée par la faute de la Maçonnerie, nous ne serions pas surpris de voir la même puissance occulte s'employer à discréditer l’œuvre du maréchal Pétain, qui travaille héroïquement à reconstruire la France chrétienne, et qui vient d'en bannir la secte maçonnique en août 1940.

EN ITALIE. - C'est la Franc-Maçonnerie qui, en 1870, abattit le pouvoir temporel du Pape. Elle arracha au Souverain Pontife Pie IX la royauté avec la liberté, et lui fit subir toutes sortes d'affronts [11].
- C'est elle qui favorisa la propagande révolutionnaire en Italie, et qui conduisit ce pays à la porte du communisme. Secouant l'esclavage de la secte maçonnique, en 1924, le gouvernement fasciste décréta son interdiction.

AU PORTUGAL. - C'est la Franc-Maçonnerie qui fit assassiner le roi Carlos, et qui en seize années de révolutions sanglantes, mena ce pays à la désorganisation et à la ruine. Le grand catholique Salazar vient de relever sa patrie, dont il dirige le gouvernement avec une sagesse admirable; les agences de presse, soumises à l'influence maçonnique, font contre son œuvre la conspiration du silence. Salazar a fait interdire la secte au Portugal en 1935 [12].

EN ESPAGNE. - C'est la Franc-Maçonnerie qui est la première responsable du martyre de l'Espagne. C'est elle qui a renversé la monarchie, qui a fait la révolution communiste, qui a livré l'Espagne catholique aux mains sanguinaires de Staline [13]. C'est encore elle qui a mis au service des Rouges d'Espagne les agences de presse, la diplomatie internationale et l'influence des gouvernements de France et d'Angleterre. Il a fallu un véritable miracle pour donner la victoire au général Franco, malgré cette ligue maçonnique qui cherchait à l'écraser. Voilà pourquoi le gouvernement du général Franco vient de porter, en mars 1940, un décret qui interdit en Espagne la Maçonnerie et le Communisme [14].

AU MEXIQUE. - C'est la Franc-Maçonnerie qui fut l'instigatrice de la sauvage persécution qui a ravagé le Mexique durant vingt ans: depuis la Constitution impie de 1917, jusqu'à la fin du gouvernement brutal du bandit Callès. C'est elle qui a empêché le gouvernement des États-Unis d'intervenir pour faire cesser les massacres des Mexicains, comme le demandaient les requêtes des catholiques américains et en particulier des Chevaliers de Colomb. En 1926, Callès ayant ajouté à la Constitution antireligieuse des lois encore plus impies, les Loges maçonniques lui décernent une médaille d'or [15].

DANS L'ÉQUATEUR. - C'est la Franc-Maçonnerie qui, en 1875, fit assassiner Garcia Moreno, l'illustre chef d'État catholique, et qui s'est acharnée, depuis, à ruiner l’œuvre patriotique et religieuse qu'il avait accomplie dans la république de l'Équateur [16].

Il y aurait beaucoup à dire sur les ravages causés par les Loges maçonniques dans toutes les nations catholiques de l'Amérique latine et en Autriche, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, etc.; mais l'espace nous fait défaut.

Ce film documentaire que nous venons de dérouler présente déjà un formidable réquisitoire contre la secte infâme, et pourtant nous n'avons pris que le dessus du panier. Nous conseillons à nos militants catholiques de se documenter en détail dans les ouvrages classiques écrits sur ce sujet par Mgr Delassus, Mgr Jouin, Claudio Jannet, Copin Albancelli, Gustave Bord, Louis Rambaud, B. Gaudeau, Georges Goyau, Les RR. PP. Roure et du Passage, S.J., et, le plus récent, Léon de Poncins.

Le jugement de l'Église

En faisant abstraction des faits qui stigmatisent la secte infâme, la condamnation de l'Église devrait suffire pour éloigner tout bon catholique de la Franc-Maçonnerie. Il faut faire connaître les lois très sévères et les peines terribles que l'autorité suprême de l'Église a portées contre elle, pour en donner l'horreur à tous ceux qui nous entourent.
« Nombreuses sont les condamnations de la Maçonnerie au cours des siècles, écrit le R.P. Louis C. de Léry, S.J. [17]. La première remonte a Clément XII, en 1738. Benoit XIV, à son tour, la proscrit; puis Léon XII, Pie IX, Léon XIII, et enfin le Code de droit canonique, qui excommunie ipso facto (automatiquement) « ceux qui donnent leur nom à une secte maçonnique » (canon 2335).
« Toutes les loges maçonniques sont comprises dans la condamnation. On ne peut établir aucune distinction entre loges anglaises, américaines, françaises ou canadiennes de quelque langue que ce soit, ou entre quelque autre qui existe... 
« Il semble qu'après toutes ces condamnations, il n'y ait pas lieu d.hésiter. Car l'Église ne fulmine ses censures qu'à bon escient et après une étude sérieuse de la question. Elle possède des moyens de se renseigner que n'ont pas les simples fidèles. 
« L'Église sait que la Maçonnerie professe l'athéisme, le naturalisme ou un déisme des plus vagues. » Léon XIII, dans son encyclique Humanum genus, disait des franc-maçons: « Ils ne s'en cachent plus, ils lèvent audacieusement le bras contre Dieu, ils trament ouvertement et publiquement la ruine de l'Église catholique, ils veulent à toute force enlever au monde Jésus-Christ et ses bienfaits. »
Il faut ajouter que la secte infâme a hérité de l'esprit de révolte de Satan contre tout principe d'autorité; c'est pourquoi elle a semé la révolution dans tant de pays. L'Église condamne justement la Maçonnerie comme une secte séditieuse « qui complote contre l'Église ou les pouvoirs civils légitimes » (canon 2335).

Enfin, il faut avertir nos catholiques que celui qui est inscrit dans la Franc-Maçonnerie ne peut recevoir les sacrements, ni la sépulture chrétienne, à moins que, s'étant dûment rétracté, il ne se soit réconcilié avec Dieu et avec l'Église (canon 1240).
Conclusion

Connaissant la Franc-Maçonnerie sous son vrai jour, comme l'ennemie jurée de l'Église du Christ; considérant les condamnations et les peines terribles que cette Église, notre Mère, a portées contre son ennemie justement dénommée l'Église de Satan, y a-t-il un catholique sincère qui ne soit prêt à tout sacrifier, une position avantageuse, une fortune, un ami, et même sa propre vie, plutôt que de trahir sa foi et de contribuer à accroître la puissance de la secte diabolique ?

Que chacun travaille plutôt à démasquer les Loges, à ruiner leur influence, à présenter partout la Maçonnerie comme la grande responsable des malheurs du monde, comme la grande criminelle qu'il faut bannir, interdire, traquer comme une bête immonde et malfaisante, ainsi qu'on vient de le faire en plusieurs pays catholiques. Qu'on éclaire les bonnes gens pour les dissuader d'entrer dans la Maçonnerie, d'adhérer aux sociétés secrètes qui collaborent avec elle (Odd Fellows, Knights of Pythias), ou aux clubs neutres qui subissent plus ou moins l'influence maçonnique (Y.M.C.A., Rotary Club [18]). C'est ainsi que la Cité du Bien doit faire face à la Cité du Mal, que l'armée du Christ doit se ranger en bataille devant l'armée de Satan. Porte de l'enfer, la Franc-Maçonnerie ne saurait prévaloir contre notre Église immortelle. Assise sur le roc de Pierre, celle-ci a brisé tous les assauts de ses ennemis. Mais c'est à nous, militants catholiques, de garder notre peuple fidèle à la sainte Église romaine, fidèle au Pape, fidèle aux évêques, chefs de l'Église militante. C'est à nous d'empêcher que la secte infâme ne vienne semer les ruines dans notre chère patrie, baptisée dans le sang des martyrs, comme elle l'a fait au Mexique, en Espagne, en France. Unis à nos pasteurs, dociles à la voix du Souverain Pontife, armés de la Croix, nous vaincrons et nous étendrons le règne du Christ sur cette terre d'Amérique...

Que notre espérance s'exprime par la devise qu'inscrivait Sixte-Quint sur l'obélisque qui s'élèveEcce crux Domini ! Fugite, partes adversae ! Vicit leo de tribu Juda ! Voici la croix du Seigneur ! Ennemis du Christ, fuyez ! Le lion de Juda est vainqueur ! »
devant la basilique de Saint-Pierre, à Rome, sur l'emplacement des jardins du persécuteur Néron: «


-Chanoine Georges Panneton

[1] Cf. « Les démolisseurs invisibles », par L.-P. Roy, et « Le cancer de la France: la franc-maçonnerie », par Dom L. Crenier, O.S.B., dans l'Action catholique de Québec, 20 juillet 1940; « Soubresauts de la Bête », par Dom L. Crenier, O.S.B., dans le Devoir de Montréal, 11 et 27 juillet 1940; « A propos du Conseil de l'Instruction publique », par Champlain, dans le Devoir 11 juin 1940; « La maçonnerie et la loi des congrégations », par Omer Héroux, dans le Devoir, 6 septembre 1940

[2] Dans le numéro du 3 février 1927, p.365, la Semaine religieuse de Québec donnait un tableau des forces de la Franc-Maçonnerie dans les différents pays en 1926. Une statistique plus récente se trouve dans le volume fortement documenté de Léon de Poncins, la Dictature des puissances occultes: la Franc-Maçonnerie d'après des documents secrets, chez Beauchesne, 1934. On y donne pour l'année 1930 (p.15): en France, plus de 50,000 maçons en 650 loges; en Angleterre, 400,000 en 4,462 loges; en Europe, 741,735 maçons en 8,357 loges; en Amérique du Nord, 3,509,000 maçons en 18,000 loges; dans tout l'univers 4,539,535 maçons en 29,518 loges. 

[3] « L'expérience du passé, écrit Léon de Poncins, permet d'indiquer dans ses grandes lignes la marche qui est généralement suivie (par la Franc-Maçonnerie) pour abattre un trop clairvoyant adversaire. Si les faits ou documents publiés donnent prise à une critique quelconque, ou ridiculise l'ouvrage purement et simplement. Sinon, on l'empêche de parvenir à la connaissance du public, en organisant autour de lui la conspiration du silence. Si malgré cela l'ouvrage réussit à percer, alors on jette sur lui le discrédit en s'attaquant personnellement à l'auteur, dont on discute insidieusement la compétence ou la loyauté.
« Si l'affaire, par son retentissement, devient vraiment grave, on va plus loin. Il arrive alors parfois qu'une regrettable fatalité - maladie ou accident - interrompe une activité dont rien ne faisait prévoir jusque-là le brusque arrêt. » (La Dictature des puissances occultes, p.2.)

[4] Qu'on se rappelle l'affaire des Fiches du général André, qui a soulevé tant d'indignation en France, au début du siècle.
« Au Canada, S.J., la maçonnerie s'est emparée de nombreux services d'utilité publique, ou encore de certaines grandes organisations financières, industrielles ou commerciales d'ordre privé. Elle y tient les leviers de commande, elle en occupe toutes les avenues. Impossible d'obtenir une position un peu reluisante dans ces administrations, sans être frère .'. » (Sociétés séditieuses, secrètes, tract édité au Messager Canadien, Montréal 1939)

[5] « Au XVIIIe siècle, la glorieuse lignée des encyclopédistes a trouvé dans nos temples un auditoire fervent qui était alors seul à invoquer la radieuse devise encore inconnue de la foule: « Liberté, Égalité, Fraternité. » La semence révolutionnaire a vite germé dans ce milieu d'élite... Et quand s'est écroulée la Bastille, la Franc-Maçonnerie a eu le suprême honneur de donner à l'humanité la charte qu'elle avait élaborée avec amour. » (Discours au Grand Orient de France, en 1904. Cf. La Dictature des puissances occultes, par Léon de Poncins, p.77. Voir aussi p.165.)

[6] Voir « La Franc-Maçonnerie anglo-saxonne », au même volume, pp.201 et suiv.

[7] Avec preuves documentaires à l'appui, Léon de Poncins écrit: « La F.M. a maintenant plus de deux siècles d'existence, et au cours de cette période tourmentée, elle a joué un rôle considérable dans les grands bouleversements révolutionnaires... Sa grande œuvre restera toujours la Révolution de 1789, à laquelle il faut en fin de compte faire remonter toutes les révolutions contemporaines, y compris le bolchevisme. Or, aujourd'hui, la F.M. reconnaît ouvertement la Révolution française pour son œuvre. Les premières loges furent installées en France de 1720 à 1730. Les philosophes avaient élaboré une doctrine abstraite; la F.M., de 1773 à 1788, met ces doctrines au point et en rend possible l'application pratique, préparant ainsi la Révolution de 1789. » (Loco cit., p.75.) 

[8] « Le 25 août 1789, la Constituante, dont plus de 300 membres étaient Maçons, a définitivement adopté, presque mot pour mot, tel qu'il avait été longuement étudié en loge, le texte de l'immortelle déclaration des Droits de l'Homme. » (Discours au Grand Orient de France, en 1904. Loco cit., p.77) 

[9] « On peut affirmer sans être téméraire que la plupart des lois que subissent les Français ont été étudiées par la F.M. avant de paraître à l'Officiel: par exemple les lois sur l'enseignement primaire, sur le divorce, les lois militaires, la loi du service militaire pour les séminaristes, etc. » (Loco cit., p.107.)
Voir aussi la liste des lois, tirée du volume Retour offensif du paganisme par le P.G. Combès, 1939, citée dans le Devoir du 6 septembre 1940, p.6
Depuis l'avènement d'Émile Loubet, en 1899, le président de la France était franc-maçon, sauf une couple d'exceptions. Onze des douce premiers ministres des cabinets français qui succédèrent à celui de Loubet étaient aussi francs-maçons. Le ministère français fut entièrement franc-maçon sous Émile Combes, en 1904. (Nous donnons ce paragraphe sous toutes réserves.) 

[10] Cf. plusieurs articles de Jean Guiraud, de la Croix de Paris, reproduits dans le Devoir de Montréal, les 21 août 1937, 17 décembre 1938, 1er avril et 10 juin 1939. 

[11] Voir « La F.M. en Italie », Léon de Poncins, loci cit., pp.129 et suiv. 

[12] Cf. Le Portugal renaît, par Léon de Poncins, chez Beauchesne, 1936. 

[13] Cf. Histoire secrète de la Révolution espagnole, par Léon de Poncins, chez Beauchesne, 1938. Nous y lisons ces mots tirés d'un document maçonnique: « La Maçonnerie espagnole est entièrement, totalement et absolument avec le Front Populaire, aux côtés du gouvernement légal et contre le Fascisme. » (Page 124.) Et ailleurs: « Il n'est pas possible de réaliser une révolution politique plus parfaitement maçonnique que la révolution espagnole. » (Page 24) 

[14] Cf. Documentation catholique, Paris, 20 mai 1940, col. 444. Dans le préambule de sa « Loi sur la répression de la Franc-Maçonnerie et du Communisme. » datée du 1er mars 1940, le général Franco fait une charge terrible contre la F.M., la rendant responsable de tous les malheurs qui ont fondu sur l'Espagne depuis un siècle. 

[15] Cf. Au Mexique rouge, par A. Dragon, S.J., 1936, passim; et Pour le Christ-Roi, vie du R.P. Pro, S.J., du même auteur, 1928, pp.60 à 70. (Ed. L'Action Paroissiale, Montréal.) 

[16] Cf. Garcia Moreno, par le P.A. Berthe, Paris, 1887, pp. 713 et suiv. 

[17] Cf. Sociétés séditieuses, secrètes, suspectes, tract du P. Louis C. de Léry, S.J., 1939, p.6. ( Au Messager Canadien, Montréal.) 

[18] Cf. pour la Y.M.C.A., même tract, pp. 14 et 18; pour le Rotary Club, Semaine religieuse de Québec, 1935, pp.732 et suiv.; Discipline de Québec, 1937, n.1222 et suiv., « Sociétés dangereuses ».


mardi 10 février 2015

Oecuménisme maçonnique


« Nous l’avons déjà dit et nous le répéterons toutes les fois qu’il le faudra : l’entreprise la plus dangereuse des sectes [maçonniques] n’est pas la brutale destruction de la religion chrétienne, telle que nous la voyons poursuivie par les bandes forcenées des Sans-Dieu, mais bien la désagrégation de cette religion par une interprétation purement humaine –et bientôt animale– de ses dogmes et de ses commandements.
L’avantage de cette tactique est d’endormir la vigilance des gardiens de la foi par des protestations extérieures de respect envers l’Église et ses ministres, par l’usage des mêmes termes religieux, bien plus par la pratique de mêmes rites.
On se sert des mêmes signes, mais on leur attache un sens différent : cela s’appelle, en alchimie, opérer la transmutation des métaux.
Dès lors, il ne s’agit plus de détruire les religions, mais de les confondre : par la rencontre, sur une même estrade, de prêtres de confessions différentes, par la succession au microphone du curé et du rabbin, par la célébration simultanée à l’église et au temple d’un même événement. (…) jusqu’à l’établissement, peu à peu, d’une religion commune à tous les hommes. »


-Mgr Jouin – Vers une religion universelle, R.I.S.S., 1933 rééd. 2000, p. 13

jeudi 5 février 2015

De la sainteté du père Victor Lelièvre

Parmi les orateurs de talents du XXe siècle en Canada français, il est un véritable apôtre qui se démarque du lot. La ville de Québec eu la grâce de recevoir en son sein un pareil homme qu'est le père Victor Lelièvre (1876-1956), Oblat de Marie Immaculée. Cet homme de Dieu prêcha l'amour du Sacré Cœur de Jésus-Christ toute sa vie en notre pays. Un amour infini qui fut pour toujours uni - marié mystiquement - il y a près de 2000 ans, à la douleur et au sacrifice, lorsque l'Amour elle-même mourut sur la croix pour la Rédemption du monde. Ce mystère est un abime insondable. Sagesse divine, folie pour les hommes!

Encore aujourd'hui on peut apercevoir des traces de son passage à Québec: commerces avec images du Sacré-Coeur au dessus de la porte, maisons, etc. Il organisa des processions gigantesques dans la ville de Québec pour la fête du Sacré-Coeur. Il s'est aussi beaucoup impliqué pour les ouvriers et leurs conditions. Nous reviendrons sur la vie de cet homme de talent.

La rédaction de Nova Francia propose aux lecteurs deux articles datant de 2004, lorsque le père Lelièvre fut exhumé de terre. On peine a comprendre pourquoi l'Eglise du Canada n'utilisa pas cet événement extraordinaire pour faire la manchette des journaux. Il y aura-t-il un risque de toucher les âmes? Mais c'est du prosélytisme! Tenter de démontrer des preuves de la Religion est aujourd'hui proscrit: cela est contre l’œcuménisme et les "parcelles de vérités" des sectes.


20 AOÛT 2004, EXHUMATION DU PÈRE LELIÈVRE :
LE CORPS TROUVÉ INTACT

Des ouvriers ont tout d’abord creusé la terre très délicatement avec une pelle mécanique. Après quelques mètres de profondeur, on nous a annoncé qu’il y avait de l’eau et que probablement elle pouvait s’être infiltrée à l’intérieur du premier cercueil fait en plomb dans lequel se trouvait le second cercueil fait en bois. D’emblée chacun de nous a fait la réflexion suivante : « le corps doit être complètement désintégré ». Les ouvriers ont alors placé des câbles pour soulever cette immense structure d’acier, hors de la fosse boueuse, pour la déposer délicatement sur la terre ferme. Les gens étaient perplexes ! Les ouvriers ont entamé le cercueil de plomb, à la scie électrique.

Dès qu’une des extrémités fut dégagée, on aperçut le cercueil de bois : il semblait brûlé par le temps passé sous terre et sous les effets produits par les écarts de température propres au Canada ; il était noir comme de l’ébène. À première vue, la partie supé­rieure était partiellement écrasée. Visiblement les ouvriers n’avaient pas la tâche facile. Ils devaient continuer de scier le cercueil de plomb totalement rouillé. Aupara­vant, ils avaient dû le pencher pour laisser s’échapper l’eau infiltrée. Nous nous sommes tous regardés encore une fois et, devant une telle évidence, avons fait un remarque collective : « Il n’y a rien à faire, il ne doit plus rien du corps ! »

Ne pouvant retirer le second cercueil de son antre de plomb, les ouvriers ont continué de découper, cette fois le couvercle de plomb. Ensuite, les deux contenants ont été transportés sur un chariot non loin de tente qui avait été érigée pour l’occasion, à l’abri des regards et des caméras indiscrètes. II y avait un seul pho­tographe officiel, mon­sieur Jean Normandin. Lorsque les ouvriers eurent mis la touche finale à leur travail, un phénomène exceptionnel s’est alors produit sous nos yeux grands ouverts et baignés d’étonnement : le couvercle de plomb soulevé a découvert la tombe de bois en ruine dont les quatre côtés déjà, en piteux états, se sont immédiatement effondrés pour laisser émerger dans son sommeil éternel, incroyablement, le corps INTACT du père Lelièvre : tout le monde s’est écrié : « C’est lui, c’est lui ». Aucune odeur nau­séabonde ne s’échappait de là. Ce n’était pas un squelette, mais bien le père Lelièvre tel qu’il avait été enterré quarante-huit ans auparavant. « Regarde ses chaus­sures », me souligne le père Gaudreau. En effet, on aurait dit que le père Lelièvre venait de les chausser ; elles étaient comme fraîchement cirées et très bien lacées. De plus, on distinguait très bien son visage, ses mains prian­tes, son chapelet, son volume des quatre Évangiles intact lui aussi, une croix de bois et des vêtements sacerdotaux violets. La chair était là. Le père Lelièvre était aussi corpulent que sur les photogra­phies que j’avais vues de lui dans un album, à peine quelques heures auparavant, sur une table de la communauté oblate de Jésus-Ouvrier. Incroyable, mais vrai.

Il y avait à côté de moi, un prêtre totalement figé par ce qu’il voyait ; aucune syllabe ne pouvait sortir de sa bouche ; son regard ne pouvait quitter la scène. Plusieurs minutes après, je l’ai entendu dire à quelqu’un qui passait près de lui : « Si je n’avais pas assisté à cet événe­ment, et vu de mes yeux vus ce que je viens de voir, je ne l’aurais pas cru si même on me l’avait raconté ». (…)
Danièle Miny
Apostolat International, nov.-déc. 2004, p. 5-6

Et un article du 31 août 2004 du Journal de Chambly

Assister à l'exhumation d'un corps, après 48 ans, est quelque chose d'impressionnant. C'est une vision d'outre-tombe, qui vaut plusieurs méditations sur la mort et la résurrection. Le corps du père Lelièvre, déposé sur une dalle, au soleil, était dans un état de conservation "exceptionnelle", au dire du Dr Éva Latulipe, médecin légiste. Son visage était rose, comme de son vivant, mais ciré, luisant. Ses vêtements, dans leur état primitif. Le tout ne dégageait aucune odeur.
Dans les heures qui ont suivi, le visage a changé de couleur, au contact de l'air et de la lumière. Dans ce phénomène de conservation du corps du père Lelièvre, les témoins ont vu un signe de la sainteté du père Lelièvre. Avant de déposer le corps dans un cercueil en bois, on a prélevé un pied... en vue de relique? Peut-être!
Après tous les gestes religieux et légaux, les gens ont pu défiler et voir de près ce prêtre au cœur de feu, qui a prêché, durant 50 ans, la miséricorde infinie du Sacré-Cœur et converti des milliers de personnes. Il avait le don de toucher les cœurs les plus endurcis.
Né en Bretagne en 1876, il arrivait à Québec en 1903, comme vicaire à la paroisse Saint-Sauveur. En 1925, il fondait la maison Jésus-Ouvrier. L'œuvre survit toujours et est devenue un centre de ressource spirituel très fréquenté.
L'événement de cette exhumation n'avait pas été annoncé dans les journaux. Jésus-Ouvrier aurait été complètement débordé, vu le souvenir encore bien vivant du père Lelièvre surtout à Québec. On s'est limité à des invitations restreintes aux amis de l'œuvre et du père Lelièvre. Il est quand même venu 200 personnes qui, en procession, ont accompagné le corps vers le mausolée qu'on lui a préparé, au rez-de-chaussée de Jésus-Ouvrier, où les gens pourront venir se recueillir et demander des grâces. Les journaux du 21 août, de Québec (et même de Montréal) en ont parlé. Le Journal de Québec titrait : "Le père Lelièvre est sorti de la terre."

Alphonse Nadeau 

Oblat de Marie-Immaculée





-Frère Ignace de la Croix

dimanche 1 février 2015

Pour la conversion des franc-maçons

Dans son encyclique Humanum genus, Léon XIII traite spécialement de la franc-maçonnerie, et y
affirme que le Tiers-Ordre [franciscain] «  peut rendre de grands services pour aider à vaincre la contagion de cette secte détestable ». Il nous appelle aussi à « former une immense coalition de prières et d'efforts » à cet effet, et ainsi de « tendre vers Dieu des mains suppliantes et des gémissements pour le retour des égarés au bien et le triomphe de la vérité sur l'erreur ».

Il n'est point besoin d'insister sur l'importance de nos prières à cette intention (sans parler de l'action civique), pour restaurer le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et sauver les âmes qui se perdent. Emile Zola avouait sur son lit de mort (il fut 12 ans grand-maître franc-maçon): «  J'affirme que la franc-maçonnerie est une secte religieuse dont le but est de détruire toutes les religions existantes et de s'installer à leur place » (Testament du 18 avril 1896).

La Milice de l'Immaculée

Cette association, fondée par Maximilien-Marie Kolbe, franciscain conventuel, est connue et répandue dans le monde entier, encore de nos jours. Ce que l'on connait moins bien ou que l'on cherche à faire oublier, ce sont les circonstances qui ont conduit et présidé à sa fondation, en 1917. A l'époque, le frère Maximilien-Marie étudiait à Rome, et fut le spectateur attristé de manifestations provocatrices sous les fenêtres du Vatican, à l'occasion du bicentenaire de la fondation de la première loge maçonnique. Les manifestants ne craignirent pas de dévoiler leurs plans et d'annoncer à grands cris qu'ils occuperaient bientôt la curie romaine...

Le frère Maximilien-Marie, vivement impressionné par cette grave menace, fut éclairé en même temps sur le meilleur recours: l'Immaculée, à qui Dieu a donné la puissance nécessaire pour écraser Satan et sa postérité. Le 16 octobre 1917, il fonde donc la «  M.I. » ou Milice de l'immaculée (que les modernistes ont débaptisée en Mission de l'Immaculée). Son but: «  Contribuer à la conversion des pécheurs, des hérétiques, schismatiques et des juifs, mais spécialement des francs-maçons. »

On trouvera ci-bas des renseignements utiles au sujet de cette association qui a été relancée sous sa forme originelle dans la Tradition. Citons seulement ici quelques paroles fortes du père Kolbe (qui était fils de tertiaires) pour connaître la pensée de ce saint sur les francs-maçons et leur conversion:

« Que chaque membre de la Milice récite avec attention et ferveur notre oraison jaculatoire: " O Marie, conçue sans péché, priez pour nous, qui avons recours à vous, et pour tous ceux qui n'ont pas recours à vous, spécialement pour les franc-maçons...", puisque les franc-maçons ne sont qu'une bande organisée de fanatiques, qui visent, de manière déraisonnable, à la destruction de l'Eglise catholique, à laquelle l'homme-Dieu lui-même a assuré que les portes de l'enfer ne pourront pas triompher sur elle. Les pauvres fous, ils battent leur tête contre un rocher! »
« L'Immaculée, Médiatrice de toutes les grâces, peut et veut nous aider... Une âme pénétrée d.amour envers elle opposera certainement une résistance efficace à cette œuvre de dépravation qui est l'arme privilégiée des franc-maçons: " Nous ne vaincrons pas l'Eglise par le raisonnement - ont-ils déclaré dans un de leurs convents - mais par la corruption des mœurs "
« Efforçons-nous par la prière [...] et surtout par une prudente diffusion de la médaille miraculeuse, aussi parmi les fils égarés d’Israël, efforçons-nous de les conduire à la connaissance de la vérité et à l'acquisition de la vraie paix et du bonheur. »

Prière pour la conversion des franc-maçons (Léon XIII, 16 août 1898)

Seigneur Jésus-Christ, qui vous plaisez à faire éclater votre toute-puissance principalement en pardonnant aux pécheurs; vous qui avez dit: Priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient, nous implorons la clémence de votre Cœur sacré pour les âmes créées à l'image de Dieu, qui ont été misérablement trompées par les séductions perfides de la franc-maçonnerie, et se précipitent dans la voie de leur perte éternelle. Ne permettez pas, nous vous en conjurons, que l'Eglise, votre sainte Epouse, soit opprimée par eux plus longtemps. Mais, apaisé par l'intercession de la bienheureuse Vierge Marie, votre Mère, et par les prières des justes, daignez vous souvenir de votre infinie miséricorde. Oubliez leur perversité et faites que, revenant à vous, ils consolent l'Eglise par une éclatante pénitence, qu'ils réparent leurs crimes et obtiennent la gloire éternelle. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.



-Frère Ignace de la Croix

vendredi 30 janvier 2015

Requiescat in pace


Le caractère paternel de la royauté, la solidarité du prince et des sujets étaient présents et soulignés dans et par la thèse du « corps mystique ». Selon une doctrine communément reçue du début du XVe à la fin du XVIIe siècle, le royaume, le Roi et ses peuples étaient inséparables, à l'image de l'union du Christ et de l'Eglise dans les Epitres de saint Paul, car la théorie française du corps mystique était issue de l'Ecriture sainte.

Pour juristes et théologiens, le royaume capétien est un corps mystique, dont le Roi est la tête. Défendue par Jean de Terrevermeille (1419), cette idée se retrouve à la fin du XVIe siècle chez Guy Coquille: « Le Roi est le chef, et le peuple des trois ordres sont les membres, et tous ensemble sont le corps politique et mystique. » Ensuite le mot mystique va tendre à se raréfier, mais la notion subsiste.

Dans ses Instructions (1671) à son fils le Dauphin, Louis XIV s'écrira: « Nous devons considérer le bien de nos sujets bien plus que le nôtre propre... puisque nous sommes la tête d'un corps dont ils sont les membres. » Au reste, il ne s'agit point là d'une vue abstraite, mais d'une solidarité vivante et entendue comme telle: « Comme nous sommes à nos peuples, nos peuples sont à nous. » « Chaque profession contribue, en sa manière, au soutien de la monarchie », du prince régnant au plus humble artisan. Et pour mieux souligner son propos, Louis XIV parle du « métier » de Roi, appliquant audacieusement un mot vulgaire à la noble tâche du gouvernement: « Le métier de Roi est grand, noble et délicieux, quand on se sent digne de bien s'acquitter de toutes les choses auxquelles il engage; mais il n'est pas exempt de peines, de fatigues, d'inquiétudes. »



-François Bluche, L'Ancien Régime: Institutions et société

lundi 26 janvier 2015

Comment faire oraison


«  L'oraison n'est pas une prière vocale telle que l'Office divin, le chapelet. L'oraison n'est pas non plus la contemplation intellectuelle du théologien; l'oraison est une prière du cœur dans laquelle les actes d'amour tiennent lieu de mots.

L'oraison est une prière purement mentale dans laquelle, après quelques réflexions nommées "méditations", les actes de la volonté nommés "affections" doivent occuper la plus grande partie du temps.

Il est très utile de savoir faire oraison et de faire oraison, car l'oraison est le dialogue de l'âme avec Dieu le plus profond. Dieu est en elle et c'est en elle-même que l'âme le rencontre et qu'elle lui parle par le plus intime d'elle-même, son cœur. Elle y atteint un degré très élevé d'union à Dieu et une grande intensité d'amour. L'âme y progresse rapidement dans la perfection commencée par le baptême et qu'accompagne la vie sacramentelle et le combat spirituel contre nos défauts. Dieu, en effet, répond à l'amour de l'âme par un accroissement de vertus et des formes diverses de secours spirituels.

Oraison et méthodes d'oraison

 Il existe des méthodes d'oraison et des plans-guides de l'oraison. Si ces méthodes ne datent pas du XVIe siècle, elles y ont connu un regain d'intérêt. En effet, le De triplici via de saint Bonaventure est une méthode de méditation, d'oraison et il y est traité de la contemplation. Dans la sainte Eglise, les choses sont rarement absolument nouvelles et si l'on veut les juger telles, il faut, sous peine d'erreur, se garder de les rejeter pour la seule raison de leur nouveauté.

Tout directeur spirituel saura expliquer à ses dirigés les deux sages principes suivants:

a) Dans l'oraison, l'âme a toujours droit à sa liberté; la méthode est un instrument.
b) Une méthode est un guide temporaire, elle ne remplace pas le Saint-Esprit qui est le maître principal des âmes.

Les deux conditions préalables de l'oraison

L'efficacité de l'oraison et les délices qu'elle donne à l'âme exigent:

1) une fervente vie sacramentelle et
2) un combat spirituel soutenu.

L'oraison dirigée

Elle comprend trois parties:

I - Une préparation,
II - Le corps de l'oraison au cours duquel se font:
  1. la considération qui est l'exercice de la mémoire,
  2. la réflexion qui est l'exercice de l'intelligence,
  3. les affections qui sont l'exercice de la volonté-cœur
III - Une conclusion.

Plan de l'oraison - et des actes à faire pendant le temps de chaque partie de l'oraison.


- I -

Au cours de la préparation immédiate, il faut faire des actes:

  1. de foi en la présence de Dieu, présent surtout en nous;
  2. d'adoration de la très sainte Trinité et de Jésus-Christ
  3. d'humilité, de reconnaissance de notre petitesse et de dépendance, d'aveu de nos multiples péchés;
  4. de confiance dans l'aide du Saint-Esprit au cours de notre oraison;
  5. de demande d'accomplir la sainte volonté de Dieu pendant notre oraison;
  6. de résignation à la permission divine si notre oraison est aride.
 - II -

Voici les actes à faire au cours de l'oraison proprement dite, ou corps de l'oraison:

A - L'exercice de la mémoire ou considération consiste:
  1. à se souvenir du mystère de Jésus sur lequel on va faire oraison;
  2. à considérer les lieux, gestes, circonstances, les actes de Jésus;
  3. à se souvenir des paroles qu'il a prononcées, etc...
B - L'exercice de l'intelligence ou de la réflexion consiste, en procédant par questions mentales, à extraire des paroles, gestes, attitudes de Jésus toute la richesse, la beauté, la bonté divines et humaines de Jésus:
  1. Qu'est-ce-que Jésus a dit, a fait?
  2. A qui l'a-t-il dit, fait?
  3. Comment?
  4. Quand?
  5. Pour qui? Pourquoi?
 Remarque: le but de cette réflexion est de provoquer l'admiration qui content déjà de l'amour et conduit à l'amour.

C - L'exercice de la volonté et des affections consiste à aimer sans parole, par les différents actes d'amour:
  1. acte d'admiration pour Jésus, Dieu-Trinité;
  2. acte d'adoration de Jésus, de Dieu-Trinité;
  3. acte de réjouissance de tout ce qu'ils sont;
  4. acte de louange;
  5. acte de désir de l'action de Dieu en nous, de dégustation de la suavité de Dieu;
  6. acte de regret de tout ce en quoi nous nous sommes soustraits à Dieu;
  7. acte intérieur de dévouement envers Jésus et Dieu.
 - III -

La conclusion de l'oraison 

Elle comprend les actes suivants: 
  1. Jeter un regard rétrospectif sur la façon dont nous avons fait notre oraison et, selon les cas, s'excuser surtout ou remercier de sa grâce.
  2. Prendre les résolutions pour la journée. Remarque: la sainteté exige les vertus. Elles en sont de notre part d'élément capital, car l'amour pour Jésus s'exprime par l'imitation des vertus de Jésus.
  3. Puis il faut passer à la demande.
Notre-Seigneur veut que nous collaborions au salut des âmes; nous y collaborons par nos demandes en leur faveur, et il veut les exaucer:

a) il faut demander la grâce pour nous;
b) demander à Jésus de bénir nos intentions: présentons les grandes intentions générales et collectives en faveur de l'Eglise... du monde... de notre patrie... etc...
c) nos intentions particulières et privées...

Vous pouvez terminer par une prière à Marie notre avocate et un signe de croix. »



-Père Eugène de Villeurbanne, O.F.M. CAP.

samedi 24 janvier 2015

La croix de Maisonneuve

Tout tient de légende héroïque dans les débuts de Ville-Marie. A contempler ce fond d'histoire on dirait une fresque de primitif où tous les jours viendrait se fixer le geste d'un orante, un acte de martyrologe.

C'était la veille de Noël, la première année de la fondation. Les colons finissaient à peine les durs travaux des premiers établissements. Tout en se préparant à la lute contre le premier hiver, ils voyaient venir avec contentement ces longs mois de repos relatif. La guitare du colonel, celle-là même qui avait égayé les bûcherons, les soirs de travail, fredonnait depuis quelques jours les refrains du minuit.

Soudain un cri de terreur vient jeter l'alarme dans la petite bourgade: « Le déluge! le déluge! » La rivière Saint-Pierre, inquiétante depuis plusieurs heures, a tout à coup franchi ses rives et voici qu'elle se jette dans les prairies. Bientôt elle va déferler dans les fossés du fort; elle avance vers la palissade et vers les murs. Chargée de glaces et de débris de forêt, elle court avec une violence à tout briser. L'angoisse est au dernier point parmi les colons. Les huttes se vident; c'est un sauve-qui-peut général. La nuit, une nuit pleine d'incertitude et de menaces, vient ajouter à cette scène d'effroi ses terreurs mystérieuses. Personne ne ferme les yeux dans Ville-Marie, en cette nuit du 24 décembre 1642. Chacun guette, dans l'obscurité, la marche envahissante des eaux, et l'on se dit: « Si le fort est emporté, qu'adviendra-t-il de nous, sans logis, sans poudre, sans défense?  » Et la rivière monte, monte toujours, implacable.

Paul de Maisonneuve se souvint qu'il était le père de la petite bourgade française. Très simplement il fit le geste qu'on attendait de lui. Homme de foi avant tout, il conçoit l'idée de barrer le passage de l'inondation avec une croix. Les Pères approuvent le pieux projet. Mais puisque la vaillance et la foi sont vertus de la communauté à Ville-Marie, tous les colons s'unissent d'intention au fondateur. La croix de Maisonneuve se dresse bientôt, comme un rempart souverain, au bord de la rivière en révolte. Le chef de la petite colonie veut faire violence au ciel; à genoux au pied de sa croix, il fait voeu, si la colonie est sauvée, d'aller porter l'étendard au sommet du Mont-Royal.

La foi fit son œuvre. La rivière Saint-Pierre continua son ascension menaçante; elle alla lécher les palissades, mais s'arrêta au seuil du fort. Après quelques heures, domptée, pacifiée, la rivière rentrait dans son lit.

Le jour de l'Epiphanie, Maisonneuve se mit en voie d'exécuter son vœu. Le fondateur de Ville-Marie avait dans l'âme plus que la trempe du chevalier, il avait celle du croisé. Il faut reconnaître qu'il fut un merveilleux éducateur de peuple. Sa préoccupation la plus constante paraît être d'augmenter le capital de foi de ce petit peuple au berceau. Chaque jour et surtout aux circonstances graves, conscient de son rôle de chef, Maisonneuve veut agir au plus parfait, agrandir ses actes jusqu'aux dernières dimensions surnaturelles. Voici qu'il médite d'ajouter à l'exécution de son vœu un acte de la signification la plus haute. Le 6 janvier 1643, se déroula dans la chapelle de Ville-Marie, une cérémonie d'un caractère auguste et antique, une fête des temps de la chevalerie, alors que l'Eglise bénissait la vaillance et les épées. Maisonneuve se battait contre de nouveaux barbares, ennemis du Christ et de la civilisation chrétienne; comme les paladins de jadis, il demanda pour sa vaillance et pour son épée l'investiture de l'Eglise. Au moment où la procession allait se mettre en marche vers le sommet de la montagne, Maisonneuve vint s'agenouiller près de sa croix et demanda à être sacré chevalier. Un ministre de Dieu, devant l'assemblée émue, récita sur le paladin moderne la prière ancienne prononcée sur la tête des vieux croisés de France: « Seigneur, nous prions votre clémence infinie de protéger toujours et partout et de délivrer de tous les périls votre serviteur qui, selon votre parole, désire porter sa croix à votre suite et combattre contre vos adversaires pour le salut de votre peuple choisi. »

La procession s'ébranla. Ce fut une rude montée de Calvaire. Les colons de Ville-Marie s'en allaient à travers bois et neiges, par les sentiers mal battus. En tête marchait une troupe de pionniers, avec mission d'ouvrir et battre le chemin. Puis venait Maisonneuve chargé de la croix. A sa suite marchaient les colon, les uns armés du mousquet, les autres chargés des pièces d'un autel et des outils nécessaires à l'érection du calvaire. Le pèlerinage gravissait la rude pente, long ruban noir sur la neige blanche, pendant que, sous la voûte des arbres séculaires, frissonnaient les strophes mystiques de l'« O crux, ave spes unica! »

Enfin le sommet apparut. L'autel fut dressé. Le Père du Perron commença l’introït: « Ecce advenit
Dominator Dominus » Il y eut communion générale, puis le Père bénit la croix. « Elle dominait l'île entière comme un trophée, » disent les vieilles chroniques, « annonçant les futurs victoires du Christ. »
Peu de temps après l'érection, les Iroquois abattirent la croix de Maisonneuve. Quelques années plus tard, Marguerite Bourgeoys entreprit de la relever. Pendant longtemps l'emplacement de la croix primitive resta un terme de pèlerinage.

Sur quel point de la montagne fut-elle dressée? Etait-ce vraiment à l'endroit où elle brille encore aujourd'hui, dans le parc du séminaire, entre les hauts peupliers? Que nous importent les disputes des chercheurs? Il est des gestes qui ne s'effacent plus de l'horizon. La croix de Maisonneuve, aérienne et mystique, brille comme un « labarum »¹ sous le ciel du vieux Ville-Marie.



-Abbé Lionel Groulx


¹Le terme labarum renvoie à l'étendard qu'a arboré les troupes du futur empereur Constantin lors de la célèbre bataille du pont de Milvius. Il se composait des lettres grecques X (chi) et P (rho) superposées, ces dernières étant les premières lettre du mot Christ. La veille de la bataille, Constantin vu Jésus-Christ en songe, lequel lui dit que " par ce signe tu vaincras " (In hoc signo vinces). Il utilisa ce symbole comme son insigne et il le fit peindre sur les boucliers de ses soldats. Au lendemain, jour de la bataille, les troupes chrétiennes de Constantin furent victorieuses des légions de Maxence, lesquelles étaient doublement nombreuses.

jeudi 22 janvier 2015

De la sainteté de monseigneur Bourget

Monseigneur Ignace Bourget (1799-1885), second évêque du diocèse de Montréal. Après sa démission, en 1876, de la fonction d'évêque de Montréal, il reçu le titre d'archevêque de Martianopolis.
Dès son plus jeune âge, il manifesta toujours une grande compassion pour les plus démunis, ainsi qu'un constant zèle pour le salut des âmes. Ordonné prêtre pour l'éternité le 30 novembre 1822, il resta vraiment toute sa vie prêtre catholique, au sens le plus noble du terme. Il fut l'un des pères conciliaires au premier Concile du Vatican, lequel déclara le dogme de l’Infaillibilité.

Voici quelques lignes sur les miracles qui sont survenus par son intercession. Nous reviendrons plus tard sur sa vie et son œuvre.


Déjà au cours de sa vie, on attribue à Mgr Bourget une réputation de thaumaturge. Une sœur de la Miséricorde rapporte qu'un jour, une pauvre femme, venue de la campagne avec son enfant aveugle, demande à voir l'évêque. Celui-ci prie sur l'enfant, le bénit, puis demande aux religieuses de donner de la nourriture à lui et à sa maman. La religieuse ajoute: « Monseigneur était si coutumier de faveurs extraordinaires que l'on ne fut pas surpris de constater la guérison du petit, au moment où il se rendait au réfectoire. »
Chez les sœurs du Bon-Pasteur, on rapporte qu'une soeur souffrait depuis trois ans d'une extinction de voix, causée par une maladie du larynx. Son mal augmentait toujours. Le 10 février 1875, Mgr Bourget passe a monastère. Cette sœur se fait bénir avec les autres et demande sa guérison. « Monseigneur n'était pas rendu au parloir que notre chère sœur parlait parfaitement bien. Elle se rendit aux vêpres où elle psalmodia et chante le Magnificat avec une haute et claire voix, comme avant sa maladie. »

Une jeune sœur de la Providence ne se déplaçait qu'avec des béquilles et ne pouvait plus faire aucun travail. Un prêtre dit à Mgr Bourget: « Dites-lui de mettre de côté ses béquilles, et elle pourra travailler. » Sur la parole de l'évêque, la religieuse laisse ses béquilles, descend un long escalier pour accompagner Mgr Bourget jusqu'à sa voiture, puis s'en va travailler !

Une pauvre mère de famille était devenue aveugle. Son époux va trouver Monseigneur avec elle. Celui-ci leur dit de prier, comme il le ferait aussi de son côté. Le couple se rend à l'église, prie et reprend le chemin de la ferme. Les deux n'avaient parcouru qu'un bout de route quand la femme s'exclame: « Je vois ! » Faisant aussitôt demi-tour, ces gens, reviennent se jeter aux pieds de leur évêque pour exprimer leur émotion et leur reconnaissance.

Une femme devait être opérée pour un cancer du sein. En réponse à sa demande à l'aide, Monseigneur lui dit: « Demandez au docteur de remettre l'opération pour quelques jours, et nous ferons une neuvaine ensemble. » À la fin de la neuvaine, il n'y avait plus de cancer.
On rapporte aussi d'autres guérisons, comme un cas d'hydropisie, un autre d'eczéma. Ils manifestent la confiance que les gens avaient en Mgr Bourget, ce grand intercesseur auprès de Dieu pour les besoins de ses semblables. Même le médecin qui prenait soin de son évêque sur ses vieux jours atteste: « Dans un moment où j'étais découragé par la maladie incurable de mon épouse, Mgr Bourget a prié pour ma femme, et elle fut guérie. »

Au moment de ses obsèques, en présence d'une foule considérable, des personnes viennent toucher les restes mortels de l'évêque défunt. D'autres conservent précieusement le chapelet ou le médaillon qu'ils ont utilisé à cette fin. Une religieuse du Bon-Pasteur, qui a prélevé des fragments du cercueil, les fait tremper dans l'eau et demande à son frère, dont la vue était affectée, de se laver avec cette eau. Et il fut guéri.

La cathédrale Marie-Reine-du-Monde (autrefois nommé saint Jacques) est une des nombreuses constructions de monseigneur Bourget. On y voit ici clairement l'attachement de monseigneur de Montréal au siège de Pierre.


Bien des gens ont exprimé le désir de voir cet homme de Dieu reconnu saint par l'Église. Des démarches ont même été entreprises en vue de sa canonisation. Pour le moment, elles n'ont pas eu de suite, car une telle démarche suppose une étude approfondie de ce qui a été écrit par la personne. Or, nous savons que Mgr Bourget au cours de sa longue vie a beaucoup écrit...

Cela ne doit pas nous empêcher de l'associer à nos projets et à nos prières, comme beaucoup de ceux qui l'ont connu et d'autres par la suite, on su le faire. Terminons par les paroles de l'un de ses successeurs et grand admirateur, Mgr Gauthier, lors de l'inauguration du tombeau de Mgr Bourget en 1933:

« C'est par le développement harmonieux, sous l'action divine, de toutes ses ressources de nature et de grâce, qu'il s'apparente à l'âme des Saints. Il est de même ordre et de même climat. Il possède surtout ce par quoi les Saints se reconnaissent à vue d’œil: une faim, un appétit de prière, une union à Dieu, une intensité de charité surnaturelle qui font d'eux la parure et la Providence de l'humanité. Restons sur cette pensée; seule elle explique les œuvres et la vertu de Mgr Bourget; elle justifie amplement les hommages et la confiance dont nous entourons ses restes. »

mercredi 21 janvier 2015

Testament de Louis XVI

En ce jour du 21 janvier 2015, nous commémorons le 222eme anniversaire de l'affreux régicide de sa Majesté Louis XVI. Pour nous, Canadiens-français, cela est une date importante. Notre colonie fut fondée par cette monarchie millénaire. De François Ier à Louis XVI, en passant par Henri IV, Louis XIII, Louis XV et, bien sûr, Louis XIV, c'est la famille Capétienne de France qui a entrepris cette formidable aventure qu'est la Nouvelle-France. La Providence a voulu que la lourde tâche du salut des âmes, en Amérique septentrionale, incombe à la famille de France. Dans la très grande majorité des documents officiels qui traitent de notre sol, nous voyons incessamment la volonté claire des souverains à établir solidement la Sainte Religion en pays du Canada. Si nous fûmes tragiquement séparés par le traité de Paris en 1763¹, il ne faut pas oublier nos origines, notre langue et notre foi. Ce que tous les Durham, les Papineau, les Trudeau, les Institution Royale et les Révolution tranquille n'ont pu changer véritablement de fond en comble: nous sommes un peuple français et catholique, lequel a été institué par la Providence elle-même, via la maison de France et un dessin très clair de Dieu (fondation de Ville-Marie, etc.) 

Dans la conception royaliste de l'Etat, la nation s'incarne en la personne du roi: il est garant de nos droits, de nos libertés, de nos coutumes et de notre foi... Il est notre père à tous. 

Pour tous ces éléments, n’oublions pas d'offrir une prière aujourd'hui, afin d'obtenir le repos au roi très chrétien.

Enfin, selon le principe royal, l'adage est de dire: « Le roy est mort... vive le roy! »


Testament de Louis XVI
« Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze. Moi, Louis, XVIème du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille. De plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments.

Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de coeur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.

Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.

Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.

Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Soeur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma soeur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.

Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma soeur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur.

Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère.

Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son coeur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.

Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.

Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.

Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur coeur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.

Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.

Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. »


-Louis
 




¹ Il est dit que Louis XV pleura amèrement la perte de son peuple de Nouvelle-France (François Bluche).



-Frère Ignace de la Croix